Le mythe réactualisé, comme sujet d'étude et de travail scolaire pour une classe de 3ème.
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Un des modèles de base : la bande dessinée de Nadja , Les Yeux d'Argos.
Commentaire d'un élève :
« D'abord on a regardé le document. Il parlait d'un Dieu. Ce qui était drôle c'est que les dieux étaient dessinés avec des téléphones portables. Après on a essayé de comprendre pourquoi la fille avait disparu et pourquoi il y avait une vache; Il y avait eu une métamorphose. »
Le mythe de Zeus et IO devient une pièce de théâtre moderne :
(Cliquez sur la page pour lire)
A propos d'ICARE
Méthode du professeur :
« Je lis donc le texte suivant, une version assez longue du mythe . Les élèves prennent des traces de lecture, c'est à dire prennent des notes, des dessins, des schémas qui leur serviront ensuite à échanger autour du récit, à raconter à leur tour l'histoire qu'ils viennent d'entendre. »
Et voici, cette fois-ci le mythe transformé en fait divers :
" Inspector Clouseau Theme " Henri MANCINI
1 - Pline (IIe s.) ; 2 - Trajan (à Pline); 3 - Pline ; 4 - Sénèque (Ier s.) ; 5 - Pline ; 6 - Sénèque ; 7 - Plutarque (Ier/IIe s.); 8 - Marc-Aurèle (IIe s.) ; 9 - Pline ; 10 - Sénèque.
Des archéologues suisses ont eu l’idée d’une expo pas du tout ordinaire : un musée du XXIème siècle mais vu dans le futur ! Sitôt la porte poussée, nous voilà projetés 2000 ans plus tard avec nos objets du quotidien, mais pas tous, car le papier et le plastique ont disparu. Les objets du XXIème siècle sont bien sûr en piteux états : cassés, tordus, décolorés, avec encore des traces de terre. Vient ensuite le moment de les interpréter et là ça devient tordant : le plus insignifiant des objets se transforme en un trésor inestimable ou en un objet de rituel religieux et en plus, on a l’archéologue qui est là, pour justifier le sérieux du point de vue.
Une manière de mieux réfléchir sur notre façon d’interpréter l’Antiquité et il y a de quoi ! L’exposition qui s’appelait « Futur antérieur » s’est terminée il y a peu de temps, mais voici une visite virtuelle en vidéo tout à fait sidérante !
L’auteur de cette étude (restée anonyme) prend pour exemple un écrivain : Sylvie Germain et intitule sa recherche :
L’écriture mythologique de Sylvie Germain: anachronisme ou innovation poétique ?
Cette étude aborde plusieurs points qui me semblent vraiment intéressants. Enfin, de la vraie clairvoyance et non pas de l’étalage culturel, comme on voit souvent en littérature !
Premier point - L’auteur de l’étude commence par toucher à un sujet tabou : comme nous avons tendance à ne voir la littérature que par le petit bout de la lorgnette, nous croyons pouvoir lire tout et n’importe quoi, mais c’est faux ! Nous ne sommes donc pas dans le meilleur des mondes des libertés d’expression, mais à une époque où la littérature est dominée par des styles et des modes qui la restreignent considérablement.
La littérature à laquelle nous sommes habitués est fondamentalement « repliée sur elle-même ». L’auteur en donne les différentes caractéristiques :
Ce repli sur soi-même fondamental serait accompagné par d’autres caractéristiques, attribuées en général au concept problématique du «postmoderne»: usage de formes brèves (nouvelles plutôt que romans); ironie, humour, cynisme; jeu permanent ; omniprésence obligatoire du «second degré» qui empêche le lecteur de s’identifier véritablement à un personnage quelconque; technique du collage permettant de lier un grand nombre d’éléments hétérogènes (des textes publicitaires qui voisinent avec des citations de classiques, des études sociologiques qui débouchent sur des poèmes) ; esthétique du chaos, de l’inachevé, du fragmentaire où les différentes citations et procédés s’entrechoquent librement ; relativisme idéologique qui suppose l’équivalence de toutes les valeurs ; dépréciation assez radicale de l’homme, de la raison, du langage, etc. Bref, l’idée d’un auteur « touche-à-tout » tantôt pessimiste tantôt joyeux qui s’amuse avec légèreté du monde absurde qui l’environne.
Deuxième point – Étant donné qu’on n’a pas conscience de tout ce qui formate la littérature d’aujourd’hui, très peu de personnes savent faire la différence entre une littérature de notre époque et une littérature qui ne le serait pas – et qui pourrait donc être une innovation ! Si, par le plus grand des hasards, un journaliste ou un éditeur tombe sur un exemple littéraire qui échappe aux standards actuels, va-t-il crier : « Eurêka ! Voilà du jamais lu ! Un vrai livre avant-gardiste ! » Hélas, sans doute pas, puisque selon lui, rien ne limite ou délimite la littérature du XXIème siècle. Aussi, en ce qui concerne le roman mythologique, qui n’est pas un modèle de littérature de notre époque (l’auteur le précise !), on va simplement essayer de lui trouver une nouvelle catégorie, comme s’il s’agissait simplement d’inventer de nouveaux tiroirs pour ranger ce qui reste inclassable. Mais comme le laisse entendre l’auteur de l’étude, cela donne une tendance à ranger n’importe comment et sous n’importe quelles étiquettes. Voilà ce qu’elle nous dit encore :
Dans leur volonté de classer les textes de ce genre, les critiques ne lésinent pas sur les adjectifs, parlant successivement de «romans mystiques », «romans baroques», «romans bibliques», «romans sacrés», «romans fantastiques», «romans oniriques», «romans de l’imaginaire», «romans cruels», «romans sombres», «romans magiques», etc. Curieusement, il manque l’adjectif auquel je me serais attendue le plus, à savoir «roman mythologique».
Troisième et dernier point – Enfin, l’auteur nous fait bien comprendre que le roman mythologique n’est pas seulement un roman qui raconte des mythes et qu’il y a là – pour qui veut bien se pencher avec un peu de sérieux sur le texte – un véritable bouleversement des bases de la forme romanesque.
Au sujet du roman mythologique, voilà des définitions qu’elle nous propose :
Le roman mythologique n’est pas un mythe à proprement parler, mais un récit polysémique générant et admettant également uneexplication mythique.
Un roman mythologique doit non seulement comporter des allusions aux mythes sur le plan thématique (donc citer en quelque sorte passivement des mythes déjà existants), mais il doit être, lui-même, doté d’une structure particulière et d’une fonction mythopoïétique (donc être susceptible de générer activement des significations mythologiques).
Cette étude littéraire qui pose enfin un vrai regard lucide sur la littérature (et le roman mythologique) peut être lue dans son ensemble sur : http://romanistika.ff.cuni.cz/fr/vyucujici/berankova/Ecriture%20mythologique.htm#_ftnref14
Ce titre est celui d’une pièce de théâtre qui a choisi,d’une manière assez habile, de jouer sur les règles du théâtre classique. Un théâtre dans le théâtre et des dieux qui deviennent comédiens, au lieu de l’inverse. Le résultat est plutôt rigolo.
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