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Titre du blog : Panthéon du texte
Auteur : pantheondutexte
Date de création : 03-04-2011
 
posté le 11-04-2011 à 01:19:39

Le roman mythologique étudié comme un sujet littéraire

Le roman mythologique étudié comme un sujet littéraire

 

 

 


    L’auteur de cette étude (restée anonyme) prend pour exemple un  écrivain : Sylvie Germain et intitule sa recherche :
 
    L’écriture mythologique de Sylvie Germain: anachronisme ou innovation poétique ?

   Cette étude aborde plusieurs points qui me semblent vraiment intéressants. Enfin, de la vraie clairvoyance et non pas de l’étalage culturel, comme on voit souvent en littérature !

 

    Premier point -  L’auteur de l’étude commence par toucher à un sujet tabou : comme nous avons tendance à ne voir la littérature que par le petit bout de la lorgnette, nous croyons pouvoir lire tout et n’importe quoi, mais c’est faux ! Nous ne sommes donc pas dans le meilleur des mondes des libertés d’expression, mais à une époque où la littérature est dominée par des styles et des modes qui la restreignent considérablement.

 


    La littérature à laquelle nous sommes habitués est  fondamentalement        « repliée sur elle-même ». L’auteur en donne  les  différentes       caractéristiques :  


          Ce repli sur soi-même fondamental serait accompagné par d’autres caractéristiques, attribuées en général au concept problématique du «postmoderne»: usage de formes brèves (nouvelles plutôt que romans); ironie, humour, cynisme; jeu permanent ; omniprésence obligatoire du «second degré» qui empêche le lecteur de s’identifier véritablement à un personnage quelconque; technique du collage permettant de lier un grand nombre d’éléments hétérogènes (des textes publicitaires qui voisinent avec des citations de classiques, des études sociologiques qui débouchent sur des poèmes) ; esthétique du chaos, de l’inachevé, du fragmentaire où les différentes citations et procédés s’entrechoquent librement ; relativisme idéologique qui suppose l’équivalence de toutes les valeurs ; dépréciation assez radicale de l’homme, de la raison, du langage, etc. Bref, l’idée d’un auteur « touche-à-tout » tantôt pessimiste tantôt joyeux qui s’amuse avec légèreté du monde absurde qui l’environne.

 

   Deuxième point –  Étant donné qu’on n’a pas conscience de tout ce qui formate la littérature d’aujourd’hui, très peu de personnes savent faire la différence entre une littérature de notre époque et une littérature qui ne le serait pas – et qui pourrait donc être une innovation ! Si, par le plus grand des hasards, un journaliste ou un éditeur tombe sur un exemple littéraire qui échappe aux standards actuels, va-t-il crier : « Eurêka ! Voilà du jamais lu ! Un vrai livre avant-gardiste ! »  Hélas, sans doute pas, puisque selon lui, rien ne limite ou délimite la littérature du XXIème siècle. Aussi, en ce qui concerne le roman mythologique, qui n’est pas un modèle de littérature de notre époque (l’auteur le précise !), on va simplement essayer de lui trouver une nouvelle catégorie, comme s’il s’agissait simplement d’inventer de nouveaux tiroirs pour ranger ce qui reste inclassable. Mais comme le laisse entendre l’auteur de l’étude, cela donne une tendance à ranger n’importe comment et sous n’importe quelles étiquettes. Voilà ce qu’elle nous dit    encore :  


    Dans leur volonté de classer les textes de ce genre, les critiques ne lésinent pas sur les adjectifs, parlant successivement de «romans mystiques », «romans baroques», «romans bibliques», «romans sacrés», «romans fantastiques», «romans oniriques», «romans de l’imaginaire», «romans cruels», «romans sombres», «romans magiques», etc. Curieusement, il manque l’adjectif auquel je me serais attendue le plus, à savoir «roman mythologique».

   Troisième et dernier point – Enfin, l’auteur nous fait bien comprendre que le roman mythologique n’est pas seulement un roman qui raconte des mythes et qu’il y a là – pour qui veut bien se pencher avec un peu de sérieux sur le texte – un véritable bouleversement des bases de la forme romanesque.


   Au sujet du roman mythologique, voilà des définitions qu’elle nous                propose :

 
   Le roman mythologique n’est pas un mythe à proprement parler, mais un récit polysémique générant et admettant également uneexplication mythique. 

   Un roman mythologique doit non seulement comporter des allusions aux mythes sur le plan thématique (donc citer en quelque sorte passivement des mythes déjà existants), mais il doit être, lui-même, doté d’une structure particulière et d’une fonction mythopoïétique (donc être susceptible de générer activement des significations mythologiques).


Cette étude littéraire qui pose enfin un vrai regard lucide sur la littérature (et le roman mythologique) peut être lue dans son ensemble sur : http://romanistika.ff.cuni.cz/fr/vyucujici/berankova/Ecriture%20mythologique.htm#_ftnref14


    En ce qui concerne ma définition du    « roman mythologique contemporain », voir à la page 1 de panthéon du texte.