posté le 25-10-2011 à 08:22:52
Les Mémoires de Zeus de Maurice DRUON - Extraits
Dans ma – brève – correspondance avec Maurice Druon, des paroles encourageantes de l’Académicien, qui fut indubitablement un des pionniers du « roman mythologique ». (Cf Citation sur le dos de couverture de : Par la force des brisants.)
Il va donc de soi qu’il me faut réserver ici, un peu de la blancheur des pages virtuelles au plus spécifique de ses romans mythologiques :
Les Mémoires de Zeus
Dans, Les Mémoires de Zeus, Zeus, c’est le narrateur, tout simplement. Il s’exprime donc à la première personne du singulier. Il raconte sa vie, sa relation conflictuelle avec son géniteur, ses amours… ajoute quelques avis critiques sur les choix de vie du monde actuel et enfin, fait quelques prédictions sur l’avenir, ce qui est normal quand on est Zeus.
Mais le mieux encore est de lui laisser la parole, car comment mieux parler que Zeus lui-même ?
Voici donc quelques extraits (trois en tout) des : Mémoires de Zeus.
1 – Je me savais un dieu et je n’en avais pas les pouvoirs. J’usais une stérile impatience à tordre les arbres ou à briser les pierres ; à rêver aussi. Je passais d’interminables heures, assis dans la montagne, les bras entourant mes genoux, à regarder au loin scintiller la mer, et à imaginer, le jour où je pourrais enfin prouver au monde que j’étais Zeus. Si jamais ce jour arrivait…
2 – Fouillez, mes fils, fouillez le sol d’Égypte : il contient ce que vous cherchez. Dégagez chaque édifice, chaque tombe, chaque sanctuaire. Déchiffrez chaque relief, chaque stèle, interrogez chaque hypogée. Observez la direction de chaque colonnade, et le terme de l’embase où s’appuie chaque colonne. Ne manquez pas de noter vers quel point du ciel est tourné le regard de chaque statue. Ainsi, un jour peut-être apercevrez vous que l’ensemble des lieux sacrés d’Égypte, avec ses groupes de temples disposés comme des étoiles, ne constitue rien d’autre, de la Nubie jusqu’à la mer, qu’un long Zodiaque déroulé.
3 – Père, répéta Hermès, que va-t-il leur arriver ?
– Tu le sais bien, maître des oracles, lui répondis-je.
– Ils vont placer le divin à l’extérieur du monde.
– C’est cela ; et ils se massacreront. Et puis un jour viendra où leur regard cessera d’être obscurci par le sang. Alors ils reconnaîtront que le monde n’a ni dehors, ni dedans ; ils apercevront à nouveau qu’il n’y a pas une erreur et une vérité, mais des vérités multiples, complémentaires et que la pire faute de l’esprit est de tenir la vérité pour solitaire. Et ils se réconcilieront pour de communs accomplissements.