Ceci est l’intitulé d’un article de Jean-François Kahn, dont je présente un extrait. Il a l’avantage de nous faire réfléchir sur le rôle de la mythologie dans notre culture.
Extrait :
Les Français ont reçu l’ordre de se rendre en masse dans les préfectures pour se poser, tous au même moment, la même question existentielle : « qui suis-je, d’où viens-je, où cours-je, dans quel état j’erre ? ».
Bide total. C’était prévisible.
Car à la question « qui sommes-nous ? », que l’on soit Français, Turc ou Belge, il n’y a pas, il n’y a jamais eu, d’autre réponse possible que celle que suggère la mythologie.
Exemple : c’est au VIIIè siècle que l’on entreprit, pour la première fois, de répondre à la question « qu’est-ce qu’un Français ? ». Virgil ayant, dans l’Enéide, expliqué que les Romains descendaient des compagnons de Enée, gendre du roi Priam et, accessoirement, fils de Vénus, qui avait fui la ville de Troie en flammes, jusqu’au XIIè siècle la réponse obligatoire, confirmée par tous les clercs, fut celle-ci : Enée ne fut pas le seul à conduire un exode, un fils du roi Priam, un certain Francion, après que la ville ait été conquise par les Grecs, guida le reste des fuyards vers Sicambre, situé quelque part en Europe centrale, puis, de là, vers la Gaulle qu’ils peuplèrent en s’étant, entre-temps, transformés en « Francs », donc en Français, et dotés d’un roi totalement imaginaire en la personne de Pharamond.
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Dimanche 31 Janvier 2010
Jean-François Kahn