VEF Blog

Le roman mythologique contemporain, qu'est-ce que c'est ?

Le roman mythologique montre comment les Grecs ou les Romains pouvaient voir leurs mythes. En appartenant au temps présent, les mythes redeviennent vivants, alors qu'ils n'ont aucun sens et sont comme morts si on les laisse dans une littérature du passé.

Comment prendre le fait qu'il y ait des dieux qui – sous d'autres patronymes que les noms qui les ont rendus célèbres – prennent le métro, s'assoient à la terrasse d'un café de Paris ou font leurs courses dans un hypermarché ? Ici, le terme " héros " retrouve son sens originel, à savoir que le terme devient totalement synonyme de "demi-dieu". La "divinisation" de personnages doit être interprétée également dans un sens ancien. Il s'agit avant tout de rendre compte d'une universalité qui existe chez l'homme, ce qui lui permet d'agir sur les problèmes fondamentaux. Par exemple, sans  une vision universelle de notre environnement, il serait impossible de voir ce que serait le danger du réchauffement climatique, ou le risque, pour certaines espèces animales, de disparaître dans le futur. En fin de compte,  à travers le mythe, s'exprime un éloge de la nature humaine, ce qui est aussi déjà un petit pas vers les valeurs humanistes qui ont été développées au cours de la Renaissance.  

Dans l'Odyssée, le héros Ulysse est lui-même une incarnation de Mercure et Télémaque, le fils qu'il a avec Pénélope,  a été associé au dieu Pan. Le lecteur, à l'époque d'Homère, déjà habitué à cette culture de la "métamorphose", n'a nullement besoin d'explications détaillées pour comprendre le sens du texte. Le seul terme de " héros ", disait l'essentiel et, ensuite, ce sont des détails se rapportant à l'histoire du personnage, qui permettaient d'identifier le dieu. 

Dans le passé, on croyait communément que les dieux pouvaient prendre forme humaine et se cacher parmi le commun des mortels, d'où les multiples caractéristiques qui devaient servir à les repérer. Ces dieux se retrouvaient secrètement entre eux et formaient ce qu'on appelait une hétairie. Ils pouvaient  avoir une influence sans avoir à révéler leur identité et pouvaient même exercer un pouvoir politique occulte. 

  Les dieux antiques n'imposaient pas aux "mortels" des croyances et des dogmes particuliers. Il importait peu que les hommes les reconnaissent comme tels. Un dieu faisait toutefois exception à la règle en " se révélant au grand jour ". Il s'agissait de Dionysos. " Parce qu'il est fou ", pensait-on alors. Mais bien que fou, il était vivement recommandé de croire en Dionysos, sinon l'impie pouvait être châtié par le dieu qui le frappait d'une schizophrénie meurtrière.

Les dieux n'étaient pas nécessairement haut placés dans la hiérarchie et donc ils n'étaient pas forcément des notables. A la plus haute échelle de la civilisation, on peut s'attendre à y voir éventuellement Apollon. Mais certains dieux, très proches de la nature, préféraient vivre plus ou moins comme des ermites, un peu à l'écart du monde civilisé.

D'autre part, le rôle de ces divinités était aussi de donner des leçons d'humilité aux hommes. Pour cette raison, ils pouvaient revêtir les habits de personnages misérables et même passer pour de simples mendiants. Le cas le plus connu est celui de la déesse Athéna, mais en même temps, il était usuel de croire que chaque dieu, à un moment de son existence terrestre, avait connu des conditions de vie misérables. 

Du manière générale, en tant qu'humains, ces divinités (ou demi-dieux) du passé n'étaient pas au-dessus des lois et se mélangeaient à la population, à tel point que les philosophes recommandaient aux habitants des cités de faire attention si jamais dans la rue ils bousculaient une personne, au cas où l'individu bousculé serait un dieu !

En dernier point, le roman mythologique nous rappelle que la civilisation gréco-romaine, qui s'est propagée aux premiers millénaires de notre histoire est non seulement une part importante du passé de l'Europe, mais aussi la partie profonde de ses racines – qui plonge jusqu'à la préhistoire – et ce qui lui a permis, à partir de la Renaissance, d'évoluer vers la modernité.

 L'époque du Moyen-Âge, qui succède à la période antique, a elle-même préservé une partie de ces croyances . Les célèbres princes "charmants"des contes de fées, à l'origine, n'avaient nullement des allures falotes de gendre idéal, beau et gentil. Cette différence d'interprétation tient déjà à une méprise par rapport au sens du mot " charmant " qui, à l'époque signifiait que les princes étaient  porteurs de "charmes", c'est-à-dire dans un sens ancien, de "magie" tels, justement, des demi-dieux.